Portrait – Mehdi Kerkouche

Alors qu’elle élabore son calendrier éditorial, elle feuillette le SuresnesMag et tombe sur un article du chorégraphe Mehdi Kerkouche, enfant de la ville.
En représentation prochainement, elle est séduite par l’invitation à s’approprier les personnages et les situations dépeintes à travers la danse.
Elle se dit que ça pourrait être l’occasion de d’assister au renommé festival Suresnes Cités Danse, et d’enfin pénétrer dans le théâtre Jean Vilar, dont elle a si souvent entendu parler.
Elle propose à sa meilleure amie de l’accompagner ce dimanche 8 janvier. En plus, ça faisait trop longtemps qu’elle ne l’avait pas vu.
La directrice du théâtre la gratifie de deux détaxes. Depuis la Loire-Atlantique, sa mère lui dit « Tu en as de la chance, il est super ce chorégraphe ! » et regarde le festival sur Culture Box.
Arrive alors le jour-J. En bus 244, elles s’arrêtent Place de la Paix et marchent jusqu’à l’imposant théâtre. Elle se sent un tantinet fière d’aller dans la queue « Invitations et professionnels ».
Dans le hall, le public afflue. Elle ne sait pas si c’est l’effet « sortie du dimanche après-midi » mais les gens sont beaux. « La représentation commence dans 10 minutes, messieurs, dames ».
Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas mis les pieds dans un théâtre. Trop longtemps. On ressent qu’il est entre de bonnes mains, les vibrations ne mentent pas.
Peinant à trouver leurs places dans cette salle majestueuse, elles réalisent qu’elles s’installeront au centre du public. Une aubaine. De bonnes auspices en somme.
Les lumières se tamisent. Ça commence. C’est d’abord la symbiose, l’unisson, la constatation des différents acteurs.
Des tableaux. Des scènes figées. Le temps suspendu.
La beauté inexplicable d’un danseur que l’on voit respirer de dos.
Les regards. Les émotions et les états d’âmes.
Le tracas, l’enfermement, la libération, l’acceptation, la main tendue, le rejet, l’harmonie, le déchirement, la séparation, les retrouvailles, la déception, la complicité, l’incompréhension, l’émancipation. L’humanité.
Portrait ramène à l’essentiel. Plus fort que les relations, les liens à autrui. Les moments de vie. Ces moments que l’on aimerait parfois éviter, mais qui constituent le socle de notre existence. A notre volonté, à notre fuite, à nos évidences et à nos dilemmes, nos combats.
Un danseur paraît virevolter longuement dans la tourmente de ses maux et se voit soutenu et entouré par ses pairs. Derrière elle, une petite fille questionne ses parents en chuchotant « ils lui donnent un peu d’air ? ». Elle interprète déjà les gestes avec brio. Elle a mis un nuage de douceur sur un moment de gravité, une lueur dans l’obscurité.
Ce n’est pas que la mouvance des corps.
La danse communique, donne, partage. Elle est généreuse.
Pour quiconque veut bien s’arrêter, lâcher prise, se laisser emporter dans ce qui se passe sur scène.
Son regard se pose sur une jeune femme blonde, avec une frange. Peut-être faisait elle un transfère physique. Car oui, elle n’a jamais pris de cours de danse (à part à 6 ans, où elle avait dansé sur la bande originale de Kirikou).
Pourtant, dans son studio, elle aime danser, bouger, ressentir, se laisser aller. Sa façon de réveiller sa « feminine energy ».
Alors que la lumière rétrécie sur ce portrait et que les premiers applaudissements retentissent avec enthousiasme, elle se lève, dégustant chaque instant de ce moment d’éternité, se promettant secrètement de ne plus attendre aussi longtemps avant de revenir vibrer.
Sa seule frustration ? Ne pas avoir assez d’yeux pour contempler le moindre mouvement de chaque danseur.

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